novembre 2016

Samedi 10 décembre 2016 : Recherches actuelles sur un site majeur du Delta à l’époque gréco-romaine : Bouto (Tell el-Fara’in)

Pour notre dernière séance de l’année 2016, samedi 10 décembre, Pascale Ballet (Professeure à l’Université Paris-Ouest Nanterre – La Défense), présentera une communication sur les recherches actuelles sur un site majeur du Delta à l’époque gréco-romaine : Bouto (Tell el-Fara’in).

bouto_sfacCliché Guy Lecuyot

La ville de Bouto (l’actuelle Tell el-Faraʽin), située à l’est de la branche de Rosette, constitue, comme l’ont montré les travaux menés par l’Institut archéologique allemand depuis les années 80, l’un des plus anciens établissements du Delta égyptien appartenant à la culture Maadi-Bouto, qui se déploie durant la première moitié du IVe  millénaire av. J.-C., à laquelle succèdent des occupations prédynastiques et protodynastiques. Centre cultuel de Ouadjet (per ouadjet), déesse cobra tutélaire du nord de l’Égypte, Bouto a laissé peu de vestiges datés des Moyen et Nouvel Empires, mais la ville d’époque saïte, mieux connue sur le plan archéologique, s’inscrit dans le réseau urbain autour de Saïs, la capitale, située à faible distance. Le sanctuaire principal est décrit par Hérodote.

Depuis 2001, en coopération avec l’Institut archéologique allemand (Le Caire), l’Université de Poitiers, puis celle de Paris Ouest Nanterre La Défense, bénéficiant de l’appui du Ministère des Affaires étrangères et européennes, de l’Institut français d’archéologie orientale et du Centre d’études alexandrines a engagé un programme pluridisciplinaire destiné à saisir l’importance de Bouto pour les périodes plus récentes, de la fin de la Basse Époque au début de la période islamique, au moyen de prospections géophysiques, de prospections pédestres systématiques et de sondages. La question des acculturations est au cœur des investigations françaises,  en premier lieu celle de l’hellénisation d’une ville située, certes, en dehors de la chôra alexandrine, mais peu éloignée de la capitale lagide. Si, dans le domaine de l’habitat, les formules architecturales s’inscrivent dans une tradition vernaculaire (maisons à fondations à caissons), le processus d’hellénisation est davantage perceptible dans le mobilier et certaines pratiques ; elle indiquerait la présence d’une population grecque durant le premier siècle lagide.

Un peu plus tard, la construction de bains à la grecque souligne une autre forme d’hellénisation et l’on en suit l’évolution jusqu’aux bains à hypocaustes à l’époque romaine, tandis que des ateliers produisant des céramiques « à vernis noir » sont attestés en deux points du site. À l’époque impériale, la partie septentrionale de la ville accueille un vaste quartier de potiers, recourant aux tubulures pour la cuisson des céramiques, indice probable de transferts technologiques depuis l’Italie et/ou la Gaule, sans exclure une origine orientale, dans la région d’Antioche. Le site de Bouto s’imposant comme un grand centre de productions céramiques, de la période ptolémaïque à l’époque impériale, des analyses physico-chimiques sont actuellement effectuées dans le cadre de l’ANR CeramEgypt (CEAlex/Université de Cologne). Enfin, très récemment, en 2016, sur la partie sommitale du kôm A, la mission a découvert un espace de stockage de céréales d’une certaine ampleur, que l’on pourrait qualifier de thesauros/horreum, un type de bâtiment rarement trouvé en Égypte.

Aux travaux archéologiques, sont associées des enquêtes en cours s’appuyant sur les sources textuelles et géographiques destinées à éclairer la place de Bouto dans le réseau des villes deltaïques. Desservie par le canal Boutique à l’époque romaine, elle figure notamment sur la Table de Peutinger et compte parmi les sièges épiscopaux à l’époque byzantine.

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L’Assemblée générale de la SFAC aura lieu le samedi 14 janvier 2017.

Samedi 19 novembre 2016 : Gyptis, réplique navigante d’un bateau grec massaliote du VIe siècle av. J.-C.

Le 19 novembre à 15h, à l’INHA, Patrice Pomey (Directeur de recherche émérite au CNRS, Responsable du projet « Prôtis ») nous présentera une conférence intitulée « Gyptis, réplique navigante d’un bateau grec massaliote du VIe siècle av. J.-C. »

 

Le Gyptis entrant sous voile dans le Vieux-Port de Marseille en passant devant le fort Saint-Jean, photo P. Pourtal, Centre Camille Jullian, AMU-CNRS

 

En 1993, les fouilles de la place Jules-Verne à Marseille mettaient au jour une partie du port antique ainsi que plusieurs épaves de navires grecs et romains. Parmi ces dernières, deux épaves de bateaux grecs archaïques du VIe s. av. J.-C. Construits par les descendants des colons phocéens qui fondèrent Massalia à l’aube du VIe s. ces bateaux témoignent du plus ancien patrimoine maritime de Marseille et des techniques de construction navale en usage en mer Égée à l’époque archaïque.

Après avoir procédé à la fouille et à la récupération des épaves – actuellement présentées au Musée d’Histoire de Marseille – l’équipe d’archéologie navale du Centre Camille Jullian, laboratoire d’archéologie méditerranéenne de l’Université Aix-Marseille et du CNRS, a entamé un long travail d’étude et de restitution de ces navires.

Dans le cadre de Marseille-Provence, capitale européenne de la culture 2013, l’équipe d’archéologie navale du Centre Camille Jullian a réalisé le programme d’archéologie expérimentale « Prôtis » ayant pour objet la construction de la réplique navigante de l’un de ces navires. Ce dernier, baptisé Gyptis, a été construit au cours de l’année 2013 selon le principe « sur bordé » et la technique d’assemblage par « ligatures » en usage à l’époque. Achevé à la mi-novembre, le bateau, après des essais fructueux en mer, a navigué le long des côtes de Provence dans le cadre du programme de navigation de Marseille-Provence 2013, puis a entrepris jusqu’à ce jour un programme de navigation expérimentale.

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Notre prochaine séance aura lieu le samedi 10 décembre : Pascale Ballet, « Recherches actuelles sur un site majeur du Delta à l’époque gréco-romaine : Bouto (Tell el-Fara’in) »