mars 2019

Samedi 13 avril 2019 : Une plaine disputée en Grèce ancienne : regard archéologique sur Éleuthères, Oinoé et le contrôle des frontières attico-béotiennes

Sylvian Fachard (American School of Classical Studies at Athens)

Stratégiquement positionnée entre les massifs du Parnès et du Cithéron, la plaine de Mazi forme un carrefour routier de premier plan entre l’Attique, la Béotie et la Mégaride. Elle constitue, de surcroît, un terroir fertile (céréales et vignobles) bénéficiant d’une pluviométrie supérieure à la moyenne et doté d’abondantes ressources forestières. Ces avantages naturels, qui lui confèrent une grande importance stratégique et économique, firent de la plaine de Mazi un enjeu majeur pour Athènes et les cités de Béotie. Dès l’époque archaïque la plaine est occupée par les bourgades d’Oinoé et d’Éleuthères, toutes deux liées aux premiers conflits frontaliers dont les sources écrites font état pour la région. Aux époques classique et hellénistique, la possession de la plaine fit l’objet de tensions et de conflits répétés, et ce n’est qu’à la période romaine que la situation semble avoir été stabilisée. Mais est-il possible de tracer la signature archéologique de ces conflits et de ces enjeux économiques ? Les frontières et les tensions politiques ont-elles marqué le paysage antique ?

Grâce une prospection archéologique de type intensif de l’ensemble de la plaine de Mazi, la première du genre à être conduite en Attique, il est désormais possible de mieux comprendre l’évolution de l’occupation humaine et les grandes étapes de son exploitation économique. Des données inédites permettent d’aborder le problème de la position des frontières attico-béotiennes sur des bases renouvelées. Par ailleurs, plusieurs indices liés à la distribution de l’habitat et des fortifications rurales suggèrent qu’Athènes et la Béotie utilisèrent Oinoé et Éleuthères pour mettre en place de réelles politiques de contrôle et d’exploitation économique. Ces traits de complexité culturelle ne se trouvent pas ailleurs en Attique et pourraient signaler, pour l’archéologue-prospecteur, la signature archéologique d’un paysage frontalier disputé.

Samedi 16 mars 2019 : Lambèse entre mosaïques et prospections : la redécouverte d’une capitale romaine

Youcef Aibeche (Université Sétif 2/CNRA), Amina-Aïcha Malek (AOROC UMR 8546 CNRS-ENS)

Restitution du site (aquarelle)

Siège de la IIIe légion Auguste et capitale de la Numidie sous les Sévères, la ville de Lambèse, située dans les piedmonts des Aurès, est un site archéologique dont l’intérêt majeur n’est plus à démontrer, et pour lequel le Ministère algérien de la Culture a engagé un programme archéologique, de formation et de mise en valeur dans le cadre d’une coopération internationale entre le CNRA et AOROC (CNRS-ENS). Les recherches conduites sur le terrain ont livré des données d’un intérêt tout à fait unique par la mise au jour de deux maisons, la Maison de Phrixos et Hellé et la Maison de la Tigresse. Ces découvertes complètent et renouvellent nos connaissances des systèmes constructifs, du décor (revêtements des sols et des murs), et de la céramique dans cette région. En particulier, elles apportent des informations sur la chronologie, la production et les savoirs faire locaux qui ouvrent sur une réflexion de grande portée régionale, pouvant même aboutir à une reconfiguration des schémas préétablis dans ces domaines. Notre communication présentera les résultats archéologiques obtenus et exposera la réflexion en cours, qui vise à révéler le tissu urbain de l’ancienne capitale de la Numidie et de son insertion dans son territoire.

Mosaïques de la maison de la Tigresse